samedi 15 février 2014

La philo c'est sympa en vidéo, surtout quand c'est rigolo :)

Bonjour et Bonsoir a tous ! Je vous propose aujourd'hui de découvrir ou redécouvrir Kriss de Langue de Pub. Un podcasters qui fait de la philo, c'est plutôt sympa ! Abordant des sujets/thèmes qui touche un peu a tous les domaines et auquel on s'identifie parfois, Kriss saura surement vous faire réfléchir parmi les nombreux sujets que celui ci aborde ! Salut a tous et bonne visualisation ! ;)  


                                                       

la croyance dans le libre arbitre a t'elle pour origine notre amour de la vengeance ?

« Il ne nous reste plus aujourd’hui aucune espèce de compassion avec l’idée de « libre-arbitre »: nous savons trop bien ce que c’est, le tour de force le plus mal famé qu’il y ait pour rendre l’humanité responsable à la façon des théologiens, ce qui veut dire rendre l’humanité dépendante des théologiens. Je ne fais que donner ici la psychologie de cette tendance à vouloir rendre responsable. Partout où l’on cherche des responsabilités, c’est généralement l’instinct de punir et de juger qui est à l’oeuvre. On a dégagé le devenir de son innocence lorsque l’on ramène un état de fait quelconque à la volonté, à des intentions, à des actes de responsabilité. Toute l’ancienne psychologie, la psychologie de la volonté, n’existe que par le fait que ses inventeurs, les prêtres, les chefs de communautés anciennes, voulurent se créer le droit d’infliger une peine ou plutôt voulurent créer ce droit pour Dieu. La doctrine de la volonté a été principalement inventé afin de punir, c’est à dire afin de trouver coupable. Les hommes ont été considérés comme libres pour pouvoir être jugés et punis, pour pouvoir être coupables, par conséquent toute action devait être regardée comme voulue et l’origine de toute action comme se trouvant dans la conscience ». 
                                                                                              W. F. Nietzsche.  Le Crépuscule des idoles.

Samedi 15 Février :Bac blanc

Vous traiterez, au choix, l'un desquatre sujets suivants :

1) La démocratie est-elle une garantie de lois justes ?

2) "Ne dépendre que de soi", est-ce une bonne définition de la liberté ?

3) Expliquez :

Il y a le vert, il y a le rouge, c'est tout ; ce sont des choses, elles existent par elles-mêmes. Il est vrai qu'on peut leur conférer par convention la valeur de signes. Ainsi parle-t-on du langage des fleurs. Mais si, après accord, les roses blanches signifient pour moi « fidélité », c'est que j'ai cessé de les voir comme roses : mon regard les traverse pour viser au-delà d'elles cette vertu abstraite ; je les oublie, je ne prends pas garde à leur foisonnement mousseux, à leur doux parfum croupi ; je ne les ai pas même perçues. Cela veut dire que je ne me suis pas comporté en artiste. Pour l'artiste, la couleur, le bouquet, le tintement de la cuiller sur la soucoupe sont choses au suprême degré ; il s'arrête à la qualité du son ou de la forme, il y revient sans cesse et s'en enchante ; c'est cette couleur objet qu'il va transporter sur sa toile et la seule modification qu'il lui fera subir c'est qu'il la transformera en objet imaginaire. Il est donc le plus éloigné de considérer les couleurs et les sons comme un langage. Ce qui vaut pour les éléments de la création artistique vaut aussi pour leurs combinaisons : le peintre ne veut pas tracer des signes sur la toile, il veut créer une chose. SARTRE
 
ou
 
 
– Quoi ! Ce voleur, cet adultère ne devraient pas être mis à mort !
– Ne parle pas ainsi, dis plutôt : « Cet homme qui est dans l’erreur et qui se trompe sur les sujets les plus importants, qui a perdu la vue, non point la vue capable de distinguer le blanc et le noir, mais la pensée qui distingue le bien du mal, ne devrait-il pas périr ? » Et si tu parles ainsi, tu verras combien tes paroles sont inhumaines ; c’est comme si tu disais : « Cet aveugle, ce sourd ne doit-il pas périr ? » S’il n’y a pas de plus grand dommage que la perte des plus grands biens, et si le plus grand des biens est pour chacun une volonté dirigée comme elle doit l’être, et si un homme est privé de ce bien, pourquoi t’irriter contre lui ? Homme, s’il faut absolument que le mal chez autrui te fasse éprouver un sentiment contraire à la nature, que ce soit la pitié plutôt que la haine ; abstiens-toi d’offenser et de haïr ; ne prononce point ces mots qui sont dans la bouche de presque tous « Les maudits ! Les misérables ! » Et toi ? Es-tu devenu sage en un moment ?
Épictète

dimanche 9 février 2014

Notre conscience contrôle-t-elle tous nos choix ?

"C’est aux contempteurs1) du corps que je veux dire leur fait. Ils ne doivent pas changer de méthode d’enseignement, mais seulement dire adieu à leur propre corps — et ainsi devenir muets.
« Je suis corps et âme » — ainsi parle l’enfant. Et pourquoi ne parlerait-on pas comme les enfants ?
Mais celui qui est éveillé et conscient dit : Je suis corps tout entier et rien autre chose ; l’âme n’est qu’un mot pour une parcelle du corps.
Le corps est un grand système de raison, une multiplicité avec un seul sens, une guerre et une paix, un troupeau et un berger.
Instrument de ton corps, telle est aussi ta petite raison que tu appelles esprit, mon frère, petit instrument et petit jouet de ta grande raison.
Tu dis « moi » et tu es fier de ce mot. Mais ce qui est plus grand, c’est — ce à quoi tu ne veux pas croire — ton corps et son grand système de raison : il ne dit pas moi, mais il est moi."

"Des contempteurs du corps", Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche.

1) contempter : mépriser.


mercredi 29 janvier 2014

Wrong - Nomeansno (1989)

Seuls ceux qui auront lu les précédents post comprendront le rapport avec le cours sur l'État

(Nomeansno, le groupe punk le plus doué de l'histoire du punk )







Mercredi 29 janvier : Etude d'un texte d'Aristote (fin du cours sur Etat et liberté)



"L'homme est un animal politique" -> "Zoon politikon" ( Les politiques, I, 2, [11] et [12])

Polis = cité -> une manière de vivre ensemble caractérisé par la délibération collective

Reconstitution du raisonnement d'Aristote :
Le but est de démontrer que l'homme est un être de cité, un être "politikon" : on est fait pour vivre dans une cité. Ce qui (la cité) nous différencie d'autre espèce animal tel que l'abeille ou les espèces grégaires.
 
          1) L'homme possède le langage (logos en grec) : Un constat, l'homme possède le logos.
          2) Le langage existe en vue de (-> on devrait dire permet de) manifester l'utile et l'inutile, le juste et l'injuste. Les animaux eux n'en seraient pas capables. Ils ont la voix, elle est l'indice du douloureux et de l'agréable.
              Douloureux <--> inutile ou injuste / agréable <--> utile ou juste
              Douleureux et agréable = sensation ou sentiment
              Juste ou injuste = Connaissance
              Sans le langage on ne peut pas connaitre l'utile ou le juste, les cris ne le permettent pas. Le langage est un outil perfectionné qui permet de connaitre la réalité et de connaitre l'idéal et de comparer le réel et l'idéal (connaissance du juste et de l'injuste).
3) Utile et inutile, juste et injuste, avoir le sens de ces notions c'est ce qui fait les cités ou la polis.
=> L'homme est naturellement outillé pour faire autre chose qu'obéir ; il est naturellement outillé pour la démocratie, "la conversation démocratique" (Normand Baillargeon)

Qu'est-ce qui fait que les hommes se soumettent aux relations hiérarchiques ?
-> Le langage permet la démocratie mais aussi la manipulation, le mensonge... (le langage devient un outil ambigu)
Il permet la pensée mais ne la garantit pas : le langage est la condition nécessaire pour vivre dans une démocratie mais il n'est pas suffisant.
Spinoza : "La démocratie est le régime le plus naturel" (--> les autres font violence à la nature de l'homme)
=> Les hommes sont capables de vivre selon un modèle grégaire (un troupeau et un berger) , alors qu'ils devraient être dans un modèle de "polis" car c'est dans leur nature.

attention au contre sens : ce texte dit que la polis est naturelle, et non l'État. En aucun cas , il ne peut être utilisé pour argumenter l'idée que l'État serait une réalité naturelle. ce qui est naturel, c'est que nous sommes capables de sentir  l'utile ou le nuisible, le juste ou l'injuste, et que donc nous sommes capables de décision éclairées, il n' y'a aucune raison de déléguer le pouvoir de décision à quelqu'un qui se l'approprierait. à la limite, si on va au bout du raisonnement, l'État est contre nature, puisque je lui abandonne mon pouvoir naturel de décider, çad de faire la part du juste et de l'injuste, de l'utile et du nuisible.

mardi 28 janvier 2014

Mardi 28 janvier : suite du cours sur Etat et liberté : V) Le problème de l'origine du pouvoir (et donc de l'Etat)

merci à Laurie, Fanny et Maud pour la prise de notes

- Un double problème :  D'ou viennent les chefs ? -> on prend le problème par le haut
                                     D'ou vient l'obéissance ? -> on prend le problème par le bas

1°: L'origine du commandement
    plusieurs hypothèses de réponses sont envisageables, mais toutes ne se valent pas !


    a) Dieu -> les monarchies de droit divin, le système politique Egyptien
          -> réponse qui repose sur une croyance non fondée

     b) La nature : certains hommes seraient naturellement chefs (intelligence, compétence, ect)
             -> rien ne prouve une inégalité naturelle des hommes en intelligence ( cf : IV cours).

     c) Un accord tacite (quelque chose dont on a conscience mais qui n'est pas dit)
            -> les théories du contrat (XVII°s et XVIII°s)
Thomas Hobbes, Léviathan
Jean Jacques ROUSSEAU, Le contrat social




ci dessus, une illustration d'une édition du Léviathan, de Hobbes : le roi est composé de la multitude obéissante, l'origine de son pouvoir, ce n'est ni Dieu, ni la nature selon Hobbes, ce sont les hommes eux-mêmes,  c'est un accord tacite entre les hommes pour échapper à l'état de nature. Pour ces théories, l'origine du pouvoir c'est une sorte de contrat passé entre les hommes pour se soumettre à une autorité ou un Etat et pour échapper à la violence qui caractériserait l'état de nature (voir IV/ a.).
"J'autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne mon droit de me gouverner moi même, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit et que tu autorises toutes ses actions de la même manière". Hobbes, Léviathan, XVII.
Ces théories affirment une origine de l'Etat mais en même temps le légitime (pour une critique de cet argument, voir IV). Cet état de nature est une fiction qui présuppose un individu isolé, libre, donc la liberté comme fait individuel, ce qui est une pure fiction. Par ailleurs, Cette théorie du contrat affirme que quelque chose que je n'ai pas voulu, ou institué moi-même, à savoir l'ETAT,  (je l'ai trouvé là, en venant au monde), en fait, je le veux, je suis d'accord pour m'y soumettre sans le savoir ou me l'être dit explicitement. en fait ce que je n'ai pas voulu, je le veux ! c'est peu fort de café, non ?

      d) La force -> hypothèse d'une différence de force naturelle entre les hommes (Calliclès, sophiste du V° avant JC). Hypothèse pas très convainquante.
        -> elle pourrait être liée à la ruse, à la technique, au désir. (voir texte de début d'année de Deleuze et Guattari : "la sexualité est partout")
        -> Théorie marxiste de l'Etat : l'origine de l'état, ce sont les riches, la classe dominante économiquement qui ont besoin de l'Etat pour perpétuer leur domination. La principale objection : il a existé des sociétés à Etat, mais sans classes sociales (pas de riche - pas de pauvre ...) exemple : la société Incas -> voir la théorie de Pierre Clastres : les classes sociales naitraient à partir de l'existence de l'Etat.

Conclusion : L'origine la plus probable du pouvoir, c'est le désir de pouvoir qui va chercher à s'exercer par des techniques, des ruses,  (manipulation ...), et qui ne rencontre pas d'obstacle.

"L'Etat, c'est le plus froid de tous les monstres froids. Il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : « moi l'Etat, je suis le peuple ». 
C'est un mensonge !
" Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, "la nouvelle idole".

2°: D'où vient l'obéissance ?

 "Only a sheep need a leader" sur l'album Wrong de Nomeansno en 1989 ;  (sheep = mouton).

      a) Par définition le pouvoir invente des techniques, mets aux points des stratégies pour produire l'obéissance -> Obeissance pas spontanée. Sans cela nous répugnerions naturellement à obéir à un autre homme ou à d'autres hommes.
b) L'ignorance et l'absence de pensée. (George Orwell, 1984)